Le blog de Raphaël Mahaim

Quand on nous reproche d’être électoralistes…

Quand on nous reproche d’être électoralistes…

par | Avr 14, 2019 | 5G, Campagne, Climat, démocratie, Economie verte, Energie, Générations futures, Grand Conseil, Les Verts, Ressources naturelles | 3 commentaires

Qu’on se le dise, car il faut s’y préparer: jusqu’aux élections fédérales d’octobre, toutes les forces vertes de ce pays vont devoir s’entendre dire à intervalles réguliers qu’elles “surfent sur la vague” à de pures fins électoralistes. On y a eu droit lors du débat sur les grèves du climat au Grand Conseil il y a quelques semaines, à nouveau lors du débat sur la 5G il y a trois jours.

Puisqu’il faut s’y préparer, autant donc se résoudre à affronter ces railleries avec sérénité et humour. Petit mode d’emploi pour préparer la réponse du vrai écolo à l’écolo néo-repenti qui reproche au premier d’être un écolo électoraliste:

  • Garder en tête la maxime attribuée au philosophe A. Schopenhauer: “toute vérité passe toujours par trois phases. Elle est d’abord ridiculisée, ensuite violemment combattue et elle finit par être acceptée comme une évidence”. En matière de climat et d’environnement, nous sommes gentiment en train de passer à la phase 3, et c’est une bonne nouvelle. Mais évidemment, certains font parfois des rechutes en phase 1 ou en phase 2…
  • Se remémorer la maxime attribuée à Eleanor Roosevelt: “Les grands esprits discutent des idées, les esprits moyens des événements et les petits esprits des personnes”. Certains dans ce pays semblent plus occupés à critiquer les jeunes grévistes du climat ou à traiter les écolos de tous poils d’opportunistes. C’est pratique, car ils évitent ainsi de parler du fond. C’est l’histoire du fou à qui on montre la lune et qui regarde le doigt.
  • Ne pas hésiter à se moquer gentiment de ceux qui nous reprochent d’être électoralistes mais qui vont de contorsions en contorsions au sujet du climat. On peut par exemple penser à ceux qui sont en train de faire un sondage (!) auprès de leurs membres pour savoir “ce qu’ils pensent de la thématique climatique”. Après le déni, le sondage. Que viendra donc ensuite? Une tombola ou un loto, dont la moitié des gains sera reversé au lobby pétrolier et l’autre moitié à la Fondation Suisse pour le climat, pour se donner bonne conscience? (Le WWF ou greenpeace sont d’emblée exclus, eux aussi sont classés dans la catégorie des surfeurs sur la vague verte). Pardonnez-moi cette ironie. Toute prise de conscience pour l’urgence écologique est évidemment bonne à prendre… mais l’absence de sincérité de certaines « prises de conscience » est tout de même assez rageante. Et ne rapporte strictement rien à l’environnement, si ce n’est des promesses non tenues.
  • Rappeler à qui de droit que la différence principale entre l’écolo de la première heure et l’écolo néo-repenti est que le premier ne change pas d’avis juste avant (et à nouveau juste après) les élections. L’écolo de la première heure, au risque de radoter, tient à peu près le même discours depuis 10, 20 ou 30 ans. Souhaitons donc simplement à l’école néo-repenti qu’il persiste dans la durée…pour devenir un écolo radoteur.
  • Ne pas oublier ceux qui ne tentent même pas de jouer la carte du repentir, mais qui préfèrent poursuivre sur la ligne du déni climato-sceptique. A ce jeu-là, certains semblent défier toute concurrence (suivez mon regard)… Il faut leur reconnaître une certaine constance. Mais il faut aussi souhaiter que les avis qu’ils représentent ne soient pas ceux des décideurs, car alors la Planète aurait beaucoup de souci à se faire…

3 Commentaires

  1. Christophe Barbey

    Cher Raphaël,
    Philosophie du dimanche et épanouissement de tous les jours (et toutes les nuits) !
    En effet, le sujet mérite attention.
    Les références sont superbes, et surtout bien articulées du côté de l’action. Bravo !
    Mais le ton me laisse un peu froid.
    Sur la forme, c’est une douce diatribe. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Diatribe).
    Mais elle n’échappe pas à la critique par rapport à l’un des principes de base de la non-violence: ne jamais imiter l’oppresseur. En ce sens, ton texte n’est pas exempt de moquerie, drolatique peut-être mais quand même assez sévère et personnalisée. Si le processus est largement admis en politique, il l’est moins le privé. Traiter quelqu’un d’imbécile, même si c’est vrai et souvent démontrable, reste une injure (CP 177). Le processus n’est pas très élevé, noble au sens noble du terme.
    Mais en fait le problème n’est pas là; il est dans le recyclage !
    Toute forme de conflit est une violation de l’universalité, une atteinte à l’unité … De la matière, de l’humanité, de planète … Bien que pour elle, nous pouvons aussi parler d' »unicité ».
    Concrètement, je ne sais pas comment recycler de vieux (et moins vieux) UDC (l’absence ici du langage épicène serait difficilement critiquable … moi aussi, je sais faire), mais je sais que ces gens-là se nourrissent de l’attention qu’on leur donne; nous le faisons toutes et tous, à des degrés divers et selon nos moyens et mérites respectifs. Et en effet, de l’attention, ces gens-là n’en méritent pas beaucoup, bien moins qu’on ne leur en donne, en particulier du côté de la presse. De plus, tu le dis toi-même, ils sont rompus à ce genre de joutes, dans le but ouvert de détourner l’attention, à leur profit d’abord, pour détourner des vrais problèmes surtout. En fait, plus souvent, simplement parce qu’ils en ont peur !
    Et c’est là partie psychoactive de mon explication. Tu critiques aussi les « girouettes ». Peut-être avec raison, mais c’est une question méthode, pas de critique – critique qui est n’est une bonne méthode, habituellement secondaire par rapport à l’apprentissage, mais guère que dans la bienveillance, la liberté et la solidarité, la dignité; ce à quoi j’aspire, modestement, en ce qui te concerne, sic … Reprenons ! Les girouettes, elles sont recyclables (ou en partie peut-être, a priori), il est donc important de ne pas les effrayer ou leur faire, peut-être en jugeant trop sévèrement, ou ici les mêlant avec trop de légèreté à des amusements de langage et de personnalité auxquelles elles ne se prêtent peut-être pas. Mais là encore, la question n’est pas de forme. Elle est de savoir comment ne pas se les aliéner; nous n’en avons pas vraiment le temps et la reconstruction après ou sur conflit est une tâche dont nous nous passons volontiers, si elle peut être évitée.
    Le but est donc bientôt de les accompagner, de leur donner les moyens de leurs nouvelles dispositions, et c’est la conclusion de cette première partie – c’est une question de réciprocité -de leur donner les moyens de se joindre, d’être gagnés à la cause, sans être par trop encombré par – je vais être cru ! – des entourloupes langagières.
    La deuxième partie de mon explication est un peu plus technique ou complexe.
    (Oui, c’est possible, mais non sans citer Paul Valéry: « ce qui est simple est toujours faux, ce qui ne l’est pas est inutilisable » – autre principe de la non-violence, le juste milieu et l’équilibre).
    Tu mentionnes (et critique) la Fondation Suisse pour le climat. Au début, je confondais avec « my climate », (que l’on voit partout). https://www.myclimate.org/fr.
    Quoi qu’il en soit et aussi critiquables soient-elles, ces fondations ont le mérite (ou pas ?) d’exister. Ensuite, c’est une question de gouvernance. Et, nous allons le voir, de masse critique.
    A la source, la loi sur le CO2, comme c’est retour à la case départ au parlement, je laisse cela de côté pour le moment, mais ce sera sûrement un gros morceau de la prochaine législature (et le sujet d’un de tes prochains blog ?).
    La loi actuelle alloue déjà des fonds à la protection climatique. Combien et où sont-ils ?
    Les bilans de ces deux fondations démontrent que pour leur part, ils sont dérisoires (de l’ordre de 10 millions chacune, un peu moins pour la fondation CH). Il faudrait comparer avec le CO2 compensé pour réellement voir l’efficacité directe. Et ce qui me concerne, les chiffres ou le temps pour les trouver manque.
    Mais au niveau financier et comparé à ce que génère la pompe à essence (env 5 mia. de taxe), c’est minuscule (~ o.5%).
    My climate est fun, jolis design (on peut calculer son empreinte perso), les projets semblent adéquats (pas de liste, seulement des exemples) et le Conseil de fondation (j’ai dû le chercher dans le registre du commerce) est composé de vrais spécialistes.
    Le fondation Suisse pour le climat est en effet typiquement « business », surtout la banque-assurance, avec un Conseil d’administration issu de ses rangs. C’est un domaine très sensible et pas si facilement proactif. En effet, le réchauffement climatique pourrait simplement amener à l’augmentation des primes – et donc des bénéfices du moins pour les assurances. Pour les banques, se pose évidemment la question du désinvestissement des énergies fossiles, mais pour rêver un peu, désinvestissement que l’on pourrait peut-être inciter avec certains des mécanismes présents dans le système CO2. On note quand même la présence de la banque alternative parmi les partenaires.
    Bref, aussi petits soient-ils des partenaires (sic, mais oui) ou des institutions, qu’il va falloir prendre dans le sens du poil – et aider à grandir ou évoluer dans un très proche avenir.
    Ce que les Verts ont peut-être besoin de mieux comprendre:
    « Face au réchauffement climatique, il n’y a pas d’ennemis, il n’y a que des victimes. Dont actuellement, certaines plus que d’autres font ce qu’il faut pour dépasser cet état et pour entrer sereinement dans la durabilité et l’épanouissement de la destinée de l’humanité et de ses membres ».
    Je vais en rester là, sauf à dire que dans un échange précédent tu avais aimé mes apports critiques. Puisse ceux-ci nous amener concorde, action et progrès.
    De là à les faire sur le blog ? – Non pas toujours. Et de citer Léonard de Vinci « Fais l’éloge de tes amis en public et leur critique en privé ». S’agissant ici d’une critique publique de la critique publique, je ne suis pas senti délégitimé à le faire, bien que ce ne soit qu’avec réticence, transférer ce texte dans un courriel eu été facile. Par ailleurs, le propos était malgré tout assez léger, heureusement, mais surtout il ne m’était pas très difficile d’y trouver ou d’en extraire assez de substance pour orienter ou suggérer les choses dans le sens de la constructivité et de faire quelques apports et recherches personnels permettant d’enrichir le débat, et il me semble de nourrir une collaboration au destin du monde, voir une amitié, que je souhaite heureuses.
    Il est vrai que si le commentaire est plus long que le blog … Merci de m’avoir lu jusqu’ici.
    Et si celles ou ceux qui se trouvent en effet directement concerné par le blog, se trouvent « turlupiné-e-s » ou atteint-te-s dans leurs susceptibilités, sachez que vous trouverez aussi en moi un ardent promoteur (si, si,) ou si besoin défenseur de votre dignité, voire quelques bons mots permettant d’effacer l’opprobre (s’il y a) ou surtout de mener les parties vers leur oeuvre commune, idéalement vivre et bien vivre, universellement.
    Merci Raphaël … Délicieux et enrichissant moment que celui passé à te répondre !
    Et désormais en ce jour rien ne me contentera plus que d’aller contempler des fleurs parmi les névés.
    A tantôt,
    Christophe

    Réponse
    • Raphaël

      Cher Christophe, Tes remarques fort intéressantes m’ont inspiré plusieurs modifications du texte. La version remaniée du texte a été publiée à l’instant. Bien à toi, raphaël

      Réponse
      • Christophe Barbey

        Et moi qui croyait m’être relu … Souvent des petits mot qui m’ont échappé ! Mais le sens, à peu près demeure.
        Du fait de tes changements, je me retrouve en première ligne pour la critique d’un certain parti dont tu as désormais tu le nom … J’assume (ou tu l’enlèves, qu’importe) !
        Pour le reste, puissent les bleu-e-s de la protection de l’environnement ne pas subir trop de bizutages (même amicaux) pour progresser avec honneur et puissent les ancien-nes, tout en tendresse et en harmonie, ne pas trop se cacher derrière leurs blindages.
        Quant à la ballade d’hier, elle fût magnifique, fleurs et flocons, héron et renard, ruisselles, cascades et névés, et même – mais ne le dites pas trop fort -, il y avait ce matin une hermine dans mon jardin.
        Tu peux venir t’y reposer ou ressourcer quand tu veux !
        Merci pour le dialogue !

        Réponse

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