Je suis un lecteur assidu d’Astérix, spécialement des premieurs albums mythiques du temps de Gosciny et Uderzo; une analyse sociale presque aussi fine et décapante de vérité que Zola, Balzac et Flaubert réunis. La première image qui m’est venue dimanche 9 février dernier, c’est celle de l’UDC dans la peau de Tullius Detritus: le célèbre semeur de zizanie engagé par le funeste César pour diviser le village des irréductibles Gaulois.Dans un monde pétri d’incertitudes, dans un contexte économique tendu, dans un climat de craintes, il est tellement facile de jouer la carte des boucs émissaires. Il suffit d’un grain de sable dans les rouages du lien social pour que toutes les tensions latentes éclosent subitement, de la plus brutale des manières.
A peine une semaine après la sanction des urnes, que constate-t-on? Que l’UDC a parfaitement réussi son exercice consistant à semer la zizanie en terre hélvétique.
Fort logiquement, l’Union européenne tance l’attitude de la Suisse: on ne peut pas vouloir le beurre (participer au marché commun) et l’argent du beurre (ne rien devoir à l’UE). Les conséquences seront lourdes, quoiqu’en disent les initiants, carrément pathétiques lorsqu’ils cherchent à les minimiser ou lorsqu’ils réclament que leur canton ou région bénéficie des contingents les plus importants. Evidemment, les milieux nationalistes poussent des cris d’orfraie en s’émouvant de ces réactions, une “attaque de plus contre la souveraineté suisse”.
Un peu moins logiquement, certains se distinguent par des propositions farfelues – comme par exemple une application différenciée du nouveau régime selon son taux d’acceptation dans les cantons, en violation totale du principe d’égalité dans la loi – ou en appellent à une limitation des droits populaires. Chacun y va de sa petite solution, rejette la responsabilité sur l’adversaire; la zizanie, dans sa plus parfaite expression, niveau “cours de récréation”.
Semer la zizanie, provoquer pour diviser, sans apporter aucune ébauche de solution réelle – Qui peut encore honnêtement prétendre que les contingents de migrants permettront de résoudre le chômage, les tensions sur la marché du logement, la surcharge du territoire? – c’est ce que l’UDC s’emploie à faire depuis des années; ou plus précisément les leaders de l’UDC, façon zurichoise. La sincérité des personnes non sympathisants de l’UDC qui ont manifesté une inquiétude dans l’urne dimanche dernier n’est pas en cause.
Les stratèges de l’UDC font preuve d’un cynisme aussi dévastateur que mensonger. Ce sont de vieux roublards de la politique politicienne qui connaissent les tenants et aboutissants de leurs actes. La machine de guerre est parfaitement rôdée: provoquer, crisper, attendre les réactions contraires, désigner le coupable – forcément étranger – se plaindre, puis recommencer. Le cercle vicieux s’auto-alimente et la recette démogagique fonctionne, au moins en partie.
Les méthodes brutales de cette UDC sont tellement “unschweizerisch”; c’est la négation de notre histoire complexe et subtile, faite d’équilibres délicats. Non que je sois un adversaire de la pensée subsersive, tout au contraire. Nous traversons une période bien pauvre en contre-pensées. Ce qui est désespérant, ce que la provocation à la mode UDC provient de ceux qui se nourissent du système, en témoigne le passé de requin d’affaires de Christoph Blocher. Il n’y aucune volonté quelconque de remettre en cause l’ordre établi. Pire, l’UDC oeuvre à tous les niveaux pour que surtout rien ne bouge.
On ne changera jamais l’UDC tendance zurichoise. Démago un jour; démago toujours. Il faut donc être plus malins et refuser de laisser le champ libre au Tullius Detritus de la Suisse moderne.
Le Conseil fédéral, le Parlement et les grands lobbys de l’économie, à qui le résultat du 9 février est aussi largement imputable, doivent fondamentalement se remettre en question. Pour se prémunir contre la zizanie, il faut définitivement abandonner toute arrogance et tout discours supérieur du type “vous n’avez rien compris aux intérêts de l’économie”. Il faut répondre aux vraies crises sociales et urgences écologiques, sur le terrain. A défaut de convaincre tout le monde, cela aurait à l’évidence permis de persuader les quelque 20’000 voix qui ont manqué au décompte final.
Il est peut-être temps également que les autres partis bourgeois, et surtout leurs composantes dans les cantons, se posent la question de leur alliance électorale avec l’UDC. Si l’acceptation de l’initiative est aussi apocalyptique pour l’économie qu’on le lit partout, alors il faut cesser de s’acoquiner avec l’UDC! A ce que je sache, les partis de la droite républicaine ont cessé de faire alliance avec les mouvements nationalistes dans la plupart des pays d’Europe. Idem pour leur participation au Conseil fédéral, du moins pour la composante blochérienne.
Enfin, pour couper court à la zizanie, il faut plus fondamentalement combattre ce qui en fait le lit: l’orgueil, la vantardise, le nombrilisme, la fierté. Et retrouver un peu de modestie, de sérénité, d’esprit critique et de sens de la nuance. Des attributs ma foi bien peu payants dans un monde de gueulards où il est plus facile de se faire entendre lorsque l’on participe soi-même à la zizanie ambiante.
Je ne suis pas du tout xénophobe et j’ai voté OUI à cette initiative UDC pour une toute autre raison. Par mon vote j’ai voulu contribuer à édifier une barricade contre les empiètements incessants de l’Union Européenne dans le périmètre de notre souveraineté.
Je ne me fais aucune illusion : la loi d’application des quotas d’immigration ne sera pas suffisamment ferme et restrictive pour apporter une véritable préférence nationale au bénéfice des demandeurs d’emploi suisses, ni même résidents. C’est très dommage, mais là dessus je ne crois pas que le parlement aura le courage de protéger vraiment les intérêts du peuple. Ces parlementaires sont des vendus.
En revanche, la victoire essentielle et l’acquis inestimable pour la patrie, c’est qu’existe désormais dans le corpus constitutionnel helvétique un article qui est la réfutation claire et nette du principe illégitime de la libre circulation-libre exploitation. Or ce principe est un des piliers de l’ordre juridique impérial que Bruxelles tente de nous imposer par la force et par des pressions constantes, relayées par les medias collabos, l’intelligentsia et une bonne partie de la classe politique passée au parti de l’étranger. Tous ces gens ne veulent pas, ne voulaient pas comprendre que nous sommes, et voulons rester un pays tiers. Maintenant grâce à la victoire du 9 février, ils seront enfin contraints d’en prendre acte, même contre leur gré.
Il est essentiel et d’une importance capitale qu’existe dans notre ordre juridique un tel texte de rang constitutionnel pour créer une INCOMPATIBILITE entre notre ordre constitutionnel suprême et le droit impérial illégitime que le Moloch bruxellois édifie depuis des décades contre la volonté des peuples (qui ne sont même pas consultés, sauf en Suisse) et sans aucun contrôle démocratique.
Vous appellerez celà de la zizanie. C’est votre point de vue très contestable. Il est certain que cela créera un champ de tension politique et mental avec l’égrégore supranational du système de domination impériale illégitime, dont le centre névralgique est à Bruxelles. Pour les euroturbos comme vous, baignant dans le conformisme du droit international « supérieur » absurdement sacralisé, de toute façon la seule manière de ne pas « semer la zizanie » consisterait à dire oui et amen à tous les abus du droit européen. En d’autres termes, pour vous, seule la soumission à la domination insupportable d’un pouvoir étranger et antidémocratique ne sémerait pas la zizanie.
Eh bien NON ! Une majorité du peuple et des cantons suisses s’est levée et elle a imposé un stop au processus d’absorbtion larvé de notre pays dans le machin raté de Bruxelles, tentative impérialiste contre laquelle nous menons une résistance patiente depuis 30 ans. La guerre d’usure continuera. Nous espérons la gagner à la longue, mais nous savons que l’aversaire impérialiste ne se découragera pas et continuera de vouloir nous imposer son joug. Mais au moins, depuis le 9 février, nous avons fait rouler un gros rocher dans le fond de la vallée empêchant la progression des forces d’occupation.
Cessez donc de parler de zizanie. Montrez vous pour une bonne fois démocrate et soumettez-vous à la décision du souverain légitime.
Cher Monsieur Martin,
Merci de votre commentaire intéressant et de ces réflexions. Je constate que nos points de vue sont probablement impossibles à réconcilier. Je conteste cependant le reproche « antidémocratique » de votre billet. Je n’ai jamais une seule fois remis le vote en question; et mon propos sur l’UDC comme semeur de zizanie vise autant à critiquer cette dernière qu’à secouer ses opposants, dont je fais partie, en leur suggérant de réagir plus intelligemment qu’en critiquant la décision de la population suisse. Quant à cette question, je publierai dans Le Temps de mardi un billet qui appelle justement les opposants de l’UDC à ne pas réagir de façon antidémocratique. Bien à vous, raphaë mahaim
Vous n’êtes peut-être pas exactement « antidémocrate » en ce qui vous concerne personnellement, quoique… Mais disons que j’observe l’apparition d’une nouvelle race d’antidémocrates. Autrefois les antidémocrates étaient des réactionnaires qui n’acceptaient pas la revolution française, et voulaient revenir à l’ancien régime, éventuellement par la force ou par un coup d’état. Il y avait de fort restes d’antidémocratisme dans les élites européennes traditionnelles. Bismarck, par exemple, avait dit un jour « Gegen dem Demokrat gibt es nur den Soldat », en français « contre le démocrate un seul remède: le soldat », ce qui suggère le recours à la force militaire contre la démocratie en cas de besoin. Plus tard en France il y eût l’école d’Action Française qui fit la critique de la démocratie, en expliquant qu’elle conduisait à des dérives puisque pour être élus, et surtout réélus, les gouvernants devaient se mettre au service des forces d’argent, pointant la vénalité des parlements, et le fait que la démocratie interdit une vision à long terme car son horizon se limite à celui des prochaines elections. Toutes ces objections n’étaient pas dénuées de sens. Maurras, comme Bismarck, aurait donné sa preference à un regime d’autorité. Par la suite encore la vague fasciste dans les années 1920 puis nazie se déclara antidémocratique dans un autre sens, par souci d’efficacité moderne, pour couper cours aux parlotes. Mais Hitler n’était pas vraiment un antidémocrate, malgré les apparences. Il dit même un jour: « On dit que je suis un dictateur, mais c’est faux. J’ai simplement simplifié la démocratie ». Puis il y a eu la « victoire des démocraties » et plus personne n’a plus osé refuter théoriquement la démocratie jusqu’à très récemment. Mais tout a changé avec l’Europe car l’intégration est un projet oligarchique dans son essence, don’t aucun people n’a jamais voulu et d’ailleurs on n’a jamais demandé l’avis d’aucun peuple là dessus. On a construit une machinede domination impériale au bénéfice de la haute finance et des multinationales, au nom d’une idéologie mensongère se référant mensongèrement aux droits de l’homme et à une sorte d’humanisme universaliste. On l’a fait contre les peuples, contre leurs interêts et contre leur avis. Pendant longtemps on ne s’en est pas rendu compte car le processus n’était pas encore assez abouti et les citoyens vivaient encore dans l’illusion qu’ils étaient en démocratie. En réalité la démocratie était vidée de son contenu car les gouvernants ne se sentaient plus responsables devant les peuples qui les avaient élus, mais au contraire devant l’oligarchie mondialiste qu’ils servent et dont dépend leurs carriers. Ils perçoivent donc leur tâche comme consistant non à defender les interest du peuple contre les empiètements extérieurs, mais au contraire comme une pédagogie visant à faire accepter par les peuples dominés les volontés des maîtres oligarchiques mondialistes. C’est un renversement complet de perspective, une révolution copernicienne. Ce n’est que très récemment que la garnde masse a pris conscience qu’elle était trompée. Avec le référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005. On a vu que le peuple français l’a rejeté à 55%, le peuple néérlandais de même. On sait que le résultat aurait été sensiblement idemntique dans tous les pays européens s’il y avait eu des référendums. En d’autres termes, l’intégration européenne n’est plus légitime puisqu’elle ne recueille plus le consentement des gouvernés. Depuis cette date les élites dirigeantes au service de l’empire mondial ont pris leur décision. Puisque le peuple vote mal, on va définitivement abroger la démocratie. C’est ce qui s’est produit. Le traité constitutionnel a été imposé sous un autre nom malgré que chacun sait que les gouvernés n’en veulent pas. Depuis cette date historique on a une nouvelle sorte d’antidémocrates: plus les nostalgiques de l’ancien régime, plus les maurrassiens, plus les fascistes, planistes et rexistes de tout poli. Non, désormais ce sont des progressistes plutôt de gauche, adeptes des Lumières, pensant que la construction européenne est l’horizon indépassable de l’humanité Pour ces gens là, le peuple n’a plus le droit de donner son avis puisqu’on sait bien que le peuple est composé de « populistes », c’est à dire de bourriques qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. Ils votent mal donc ils ne doivent plus avoir le droit de voter. Ceci a été exprimé très explicitement par Jacques Delors qui a parlé souvent de « despotisme éclairé ». Et l’autre jour après le vote suisse une députée européenne très stupide mais très typique, Astrid Lulling a exprimé la quintessence du nouvel antidémocratisme en disant ceci: «Avec des citoyens aussi bêtes, heureusement que nous n’avons pas de référendum». Voilà, on en est là. On vit dans une époque où les élites dirigeants eurocratiques et européistes sont composées d’antidémocrates patentés. Même les élites suisses d’ailleurs. Aujourd’hui être pro européen implique nécessairement que l’on est antidémocrate car tout le monde sait que les peuples, tous les peuples européens, désapprouvent la poursuite de ce processus d’union « toujours plus étroites ». Vous, cher M. Mahaim, vous ne faites pas exception et malgré votre jeune âge vous faites partie de cette élite pro européenne. Bien sur vous prenez la précaution oratoire – exactement comme M. Burkhalter et Mme Sommaruga – de déclarer votre « respect » de la décision démocratique du peuple et des cantons. Mais il n’empêche, tous ces gens: Burkhalter, Sommaruga, vous, en votre for intérieur, vous n’êtes pas des démocrates car vous désapprouvez le verdict des urnes. Au fond de vous vous pensez comme Astrid Nulling seulement vous savez qu’en Suisse il n’est pas question de supprimer cette démocratie directe qui vous gêne. C’est tout. « You pay lip service to the democracy ». Ca s’arrête là. Vous êtes un antidémocrate progressiste de la nouvelle sorte, car vous êtes pro européen et le projet européen, désormais, est ouvertement un projet antidémocratique. Soyez donc plus honnête sur vous même et reconnaissez le.
Vous n’êtes peut-être pas exactement « antidémocrate, quoique… Mais disons que j’observe l’apparition d’une nouvelle race d’antidémocrates et tout de même, vous en faites un peu partie. Du moins, vous en avez tous les signes.
Autrefois les antidémocrates étaient des réactionnaires qui n’acceptaient pas la révolution française, et voulaient revenir à l’ancien régime, éventuellement par la force ou par un coup d’état. Il y avait de forts restes d’antidémocratisme dans les élites européennes traditionnelles. L’historien Arno Mayer l’a montré dans un livre célèbre (et controversé) sur « La persistance de l’ancien régime ». Bismarck, par exemple, avait dit un jour « Gegen dem Demokrat gibt es nur den Soldat ». Soit en français : « contre le démocrate il n’y a que le soldat », ce qui suggère le recours à la force militaire contre la démocratie en cas de besoin. Plus tard en France il y eut l’école d’Action Française qui fit la critique intellectuelle de la démocratie, en expliquant qu’elle conduisait à des dérives puisque pour être élus, et surtout réélus, les gouvernants devaient se mettre au service des forces d’argent ; pointant la vénalité des parlements, et le fait que la démocratie interdit une vision à long terme car son horizon se limite à celui des prochaines élections. Toutes ces objections n’étaient pas dénuées de sens. Maurras aurait donné sa préférence à un régime d’autorité comme ceux qui furent réalisés plus tard par Franco et Salazar. Lors de la vague fasciste dans les années 1920 puis nazie dans les années 30 ce fut la mode d’afficher des opinions antidémocratiques mais dans un autre sens, par souci d’efficacité moderne, pour couper court aux parlotes. Mais Hitler n’était pas vraiment un antidémocrate, malgré les apparences. Il dit même un jour: « On dit que je suis un dictateur, mais c’est faux. J’ai simplement simplifié la démocratie ». Puis il y a eu la « victoire des démocraties » en 1945 et depuis lors plus personne n’a plus osé réfuter théoriquement la démocratie jusqu’à très récemment.
Mais tout a changé avec l’Europe car l’intégration est un projet oligarchique dans son essence, dont aucun peuple n’a jamais voulu et d’ailleurs on n’a jamais demandé l’avis d’aucun peuple à son sujet. Pas si bêtes ! On a donc construit une machine de domination impériale au bénéfice de la haute finance et des multinationales, au nom d’une idéologie mensongère, se référant mensongèrement aux droits de l’homme etc. Mais en réalité on a travaillé pour l’exploitation capitaliste sans frein. On l’a fait contre les peuples, contre leurs intérêts et contre leur avis.
Pendant longtemps les gens ne s’en sont pas rendu compte car le processus n’était pas encore assez abouti et les citoyens vivaient encore dans l’illusion qu’ils vivaient en démocratie. En réalité la démocratie était vidée de son contenu car les gouvernants ne se sentaient plus responsables devant les peuples qui les avaient élus, mais au contraire devant l’oligarchie mondialiste qu’ils servent et dont dépendent leurs carrières. Ils perçoivent donc leur tâche comme consistant, non à défendre les interêts du peuple contre les empiètements extérieurs, – ce qu’exigerait le postulat de la démocratie – mais au contraire comme une pédagogie visant à faire accepter par les peuples dominés les volontés des maîtres oligarchiques mondialistes. C’est un renversement complet de perspective, une révolution copernicienne qui implique l’abandon historique de la démocratie qui avait été le thème principal des idées de progrès depuis 1848.
Ce n’est que très récemment que la grande masse a pris conscience qu’elle était trompée : avec le référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005. On a vu que le peuple français l’a rejeté à 55%, le peuple néérlandais de même. On sait que le résultat aurait été sensiblement identique dans tous les pays européens s’il y avait eu des référendums. En d’autres termes, l’intégration européenne n’est plus légitime puisqu’elle ne recueille plus le consentement des gouvernés.
Depuis cette date les élites dirigeantes au service de l’empire mondial ont pris leur décision. Puisque le peuple vote mal, on va définitivement abroger la démocratie. C’est ce qui s’est produit. Le traité constitutionnel a été imposé sous un autre nom malgré que chacun sache que les gouvernés n’en veulent pas.
Depuis cette date historique on a une nouvelle sorte d’antidémocrates et ils tiennent le devant de la scène : plus les nostalgiques de l’ancien régime, plus les militaristes prussiens comme Bismarck, plus les maurrassiens, fascistes, planistes et rexistes de tout poil. Non, désormais les antidémocrates sont des progressistes plutôt de gauche, adeptes des Lumières, pensant que la construction européenne est l’horizon indépassable de l’Humanité. Pour ces gens-là, le peuple n’a plus le droit de donner son avis puisqu’on sait bien que le peuple est composé de « populistes », c’est à dire de bourriques qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. Ils votent mal donc ils ne doivent plus avoir le droit de voter.
Ceci a été exprimé très explicitement par Jacques Delors qui a fait l’éloge souvent, et publiquement, d’un nouveau « despotisme éclairé » comme devant inspirer les eurocrates. Et l’autre jour après le vote suisse une députée européenne très stupide, mais très typique, Astrid Lulling, a exprimé la quintessence du nouvel antidémocratisme en disant ceci: «Avec des citoyens aussi bêtes, heureusement que nous n’avons pas de référendum».
Voilà, on en est là. On vit dans une époque où les élites dirigeantes eurocratiques et européistes sont composées d’antidémocrates patentés. Même les élites suisses d’ailleurs. Aujourd’hui être pro européen implique nécessairement que l’on est antidémocrate car tout le monde sait que les peuples, tous les peuples européens, désapprouvent la poursuite de ce processus d’union « toujours plus étroites » qui se fait CONTRE les peuples. Vous, cher M. Mahaim, vous ne faites pas exception et malgré votre jeune âge vous faites partie de cette élite pro européenne. Bien sûr vous prenez la précaution oratoire – exactement comme M. Burkhalter et Mme Sommaruga – de déclarer votre « respect » de la décision démocratique du peuple et des cantons. Mais il n’empêche, tous ces gens: Burkhalter, Sommaruga, vous, en votre for intérieur, vous n’êtes pas des démocrates car vous désapprouvez le verdict des urnes. Au fond de vous vous pensez comme Astrid Nulling, seulement vous savez qu’en Suisse il n’est pas possible de supprimer cette démocratie directe qui vous gêne. C’est tout.
« You pay lip service to the democracy ». Ca s’arrête là. Vous êtes un antidémocrate de la nouvelle bariété historique, car vous êtes un pro européen et le projet européen, désormais, est ouvertement un projet antidémocratique.
Soyez donc plus honnête sur vous-même et reconnaissez le.
Vous n’êtes peut-être pas exactement « antidémocrate », quoique… Mais disons que j’observe l’apparition d’une nouvelle race d’antidémocrates et tout de même, vous en faites un peu partie. Du moins, vous en avez tous les signes.
Autrefois les antidémocrates étaient des réactionnaires qui n’acceptaient pas la révolution française, et voulaient revenir à l’ancien régime, éventuellement par la force ou par un coup d’état. Il y avait de forts restes d’antidémocratisme dans les élites européennes traditionnelles. L’historien Arno Mayer l’a montré dans un livre célèbre (et controversé) sur « La persistance de l’ancien régime ». Bismarck, par exemple, avait dit un jour « Gegen dem Demokrat gibt es nur den Soldat ». Soit en français : « contre le démocrate il n’y a que le soldat » (en allemand c’est plus drôle parce que ça rime), ce qui suggère le recours à la force militaire contre la démocratie en cas de besoin. Plus tard en France il y eut l’école d’Action Française qui fit la critique intellectuelle de la démocratie, en expliquant qu’elle conduisait à des dérives puisque pour être élus, et surtout réélus, les gouvernants devaient se mettre au service des forces d’argent ; en pointant la vénalité des parlements ; et le fait que la démocratie interdit une vision à long terme car son horizon se limite à celui des prochaines élections. Toutes ces objections n’étaient pas dénuées de sens. Maurras aurait donné sa préférence à un régime d’autorité comme ceux qui furent mis en place plus tard par Pétain, Franco et Salazar. Lors de la vague fasciste dans les années 1920 puis nazie dans les années 30 ce fut la mode d’afficher des opinions antidémocratiques mais dans un autre sens, par souci d’efficacité moderne, pour couper court aux parlotes. Pourtant Hitler n’était pas vraiment un antidémocrate, malgré les apparences. Il a même dit un jour: « On dit que je suis un dictateur, mais c’est faux. J’ai simplement simplifié la démocratie ». Puis il y a eu la « victoire des démocraties » en 1945 et depuis lors plus personne n’a plus osé réfuter théoriquement la démocratie jusqu’à très récemment.
Mais tout a changé avec l’Europe car l’intégration européenne est un projet oligarchique dans son essence, dont aucun peuple n’a jamais voulu et d’ailleurs on n’a jamais demandé l’avis d’aucun peuple à son sujet. Pas si bêtes !
On a donc construit une machine de domination impériale au bénéfice de la haute finance et des multinationales, au nom d’une idéologie mensongère, se référant mensongèrement aux droits de l’homme, etc. Mais en réalité on a travaillé pour l’exploitation capitaliste sans frein (libre circulation-libre exploitation). On l’a fait contre les peuples, contre leurs intérêts et contre leur avis.
Pendant longtemps les gens ne s’en sont pas rendu compte car le processus n’était pas encore assez abouti et les citoyens vivaient encore dans l’illusion qu’ils étaient en démocratie. En réalité la démocratie était vidée de son contenu car les gouvernants ne se sentaient plus responsables devant les peuples qui les avaient élus, mais au contraire devant l’oligarchie mondialiste qu’ils servent et dont dépendent leurs carrières. Ils perçoivent donc leur tâche comme consistant, non à défendre les intérêts de leurs peuples contre les empiètements extérieurs, – ce qu’exigerait le postulat de la démocratie – mais au contraire comme une pédagogie visant à faire accepter par les peuples dominés les volontés des maîtres oligarchiques mondialistes. C’est un renversement complet de perspective, une révolution copernicienne qui implique l’abandon historique de la démocratie, qui avait été le thème principal des idées de progrès depuis 1848.
Ce n’est que très récemment que la grande masse a pris conscience du fait qu’elle était trompée : avec le référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005. On a vu que le peuple français l’a rejeté à 55%, le peuple néerlandais de même. On sait que le résultat aurait été sensiblement identique dans tous les pays européens s’il y avait eu des référendums. En d’autres termes, l’intégration européenne n’est plus légitime puisqu’elle ne recueille plus le consentement des gouvernés.
Depuis cette date les élites dirigeantes au service de l’empire mondial ont pris leur décision. Puisque le peuple vote mal, on va définitivement abroger la démocratie. C’est ce qui s’est produit. Le traité constitutionnel a été imposé sous un autre nom malgré que chacun sache que les gouvernés n’en veulent pas. Depuis lors on peut dire que l’Union Européenne vit dans une forfaiture et un coup d’état permanent, ce qui est très mauvais et va très mal finir.
Depuis ce moment historique on a une nouvelle sorte d’antidémocrates et ils tiennent le devant de la scène : plus les nostalgiques de l’ancien régime, plus les militaristes prussiens comme Bismarck, plus les maurrassiens, fascistes, planistes et rexistes de tout poil. Non, désormais les antidémocrates sont des progressistes plutôt de gauche, adeptes des Lumières, pensant que la construction européenne est l’horizon indépassable de l’Humanité. Pour ces gens-là, le peuple n’a plus le droit de donner son avis puisqu’on sait bien que le peuple est composé de « populistes », c’est à dire de bourriques abruties, de brutes épaisses qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. Ils votent mal donc ils ne doivent plus avoir le droit de voter.
Ceci a été théorisé très explicitement par Jacques Delors qui a fait l’éloge souvent, et publiquement, d’un nouveau « despotisme éclairé », devant inspirer les eurocrates. Et l’autre jour après le vote suisse une députée européenne très stupide, mais très typique, Astrid Lulling, a exprimé la quintessence du nouvel antidémocratisme en disant ceci: «Avec des citoyens aussi bêtes, heureusement que nous n’avons pas de référendum».
Voilà, on en est là. On vit dans une époque où les élites dirigeantes eurocratiques et européistes sont composées d’antidémocrates patentés. Même les élites suisses d’ailleurs. Aujourd’hui être pro-européen implique nécessairement que l’on soit antidémocrate car tout le monde sait que les peuples, tous les peuples européens, désapprouvent la poursuite de ce processus d’union « toujours plus étroite » qui se fait CONTRE les peuples.
Vous, cher M. Mahaim, vous ne faites pas exception et malgré votre jeune âge vous faites partie de cette élite pro européenne. Bien sûr vous prenez la précaution oratoire – exactement comme M. Burkhalter et Mme Sommaruga – de déclarer votre « respect » de la décision démocratique du peuple et des cantons. Mais il n’empêche, tous ces gens: Burkhalter, Sommaruga, vous, en votre for intérieur, vous n’êtes pas des démocrates car vous désapprouvez le verdict des urnes. Au fond de vous vous pensez comme Astrid Nulling, seulement vous savez qu’en Suisse il n’est pas possible de supprimer cette démocratie directe qui vous gêne. C’est tout. « You pay lip service to the democracy ». Ca s’arrête là. Vous êtes un antidémocrate de la nouvelle variété historique, car vous êtes un pro-européen et le projet européen, désormais, est ouvertement un projet antidémocratique.
Soyez donc plus honnête sur vous-même et reconnaissez-le.