Le blog de Raphaël Mahaim

J-38 : Le röstigraben de la campagne électorale

J-38 : Le röstigraben de la campagne électorale

par | Sep 15, 2011 | Campagne, Les Verts | 0 commentaires

Il est frappant de voir à quel point la culture politique est différente outre-Sarine. En période électorale, cela devient particulièrement flagrant. La plupart des médias ne prennent pas la mesure de ces divergences et restent uniquement cantonnés à une couverture de leur région linguistique.

D’abord, le compte-rendu de la veille et le programme de la journée :

Le programme du jour : Ce soir, premier débat dans le cadre de la campagne, au forum pour le développement économique du district de Nyon

Le récit de la veille : pas de séance particulière… mais un travail de routine tout de même assez conséquent

  • Nombre de courriels concernant la politique : 45
  • Nombre de téléphones concernant la politique : 5
  • Nombre d’heures consacrées à la politique : 4

Le röstigraben de la campagne électorale

La première chose qui frappe tout observateur attentif de la vie politique suisse, c’est la très forte personnalisation des campagnes électorales en Suisse allemande en comparaison avec la Suisse romande. Parfaitement compréhensible et nécessaire pour le Conseil des Etats, une telle personnalisation est plus surprenante pour le Conseil national. On assiste réellement à une lutte sans pitié entre candidats rivaux d’une même liste. Même au sein du PS, traditionnellement davantage attaché à la défense des intérêts du parti, chaque candidat dispose d’un comité de campagne quasiment professionnel qui travaille exclusivement à la promotion de la candidature de son « champion ». J’ai été par exemple très surpris de découvrir en ville de Berne une campagne massive d’affichage faisant uniquement la promotion du maire de Berne Alexander Tschäppät. Avec, il est vrai, un slogan plutôt amusant, puisque ses affiches misaient sur le second degré : « SVP wählt Tschäppät ». SVP est l’abréviation allemande de l’UDC, mais les auteurs de l’affiche avaient inséré un petit astérisque indiquant qu’il fallait comprendre « s’il vous plaît »…

Les sites internet des candidates et candidats sont en règle générale beaucoup plus professionnels que chez les « welsch ». Plusieurs ouvrages portant sur le « marketing politique » sont sortis en librairie ces derniers mois, une tendance invisible en Suisse romande. Ces ouvrages sont publiés par des conseillers en communication ou des politologues. Ils sont conçus comme de véritables manuels à l’intention des candidats et fournissent conseils et « trucs » pour construire une campagne individuelle visible et porteuse. Certes, les partis bourgeois de Suisse romande connaissant aussi les comités individuels de campagne, les repas de soutien pour les candidats et autres démarches personnelles. Mais pas dans la même mesure.

Les aspects financiers sont également abordés différemment en Suisse allemande. Outre-Sarine, la place sur une liste électorale se paye très souvent cash : chaque candidat doit fournir une coquette somme pour accéder à la liste, selon des modalités qui varient. Dans les grands cantons, comme à Zurich, les partis bourgeois déterminent cette somme en fonction de la place sur la liste. Pour les « têtes de liste », le coût est considérablement plus élevé que pour les porteurs d’eau du bas de la liste. Même certaines sections du PS demandent une contribution personnelle de leurs candidats…

Je crois savoir que les Verts restent une notable exception à cette pratique qui semble se généraliser. Cela me réjouit fortement. J’avoue que je suis très choqué par cette réintroduction par la bande d’une sorte de suffrage censitaire : pour avoir une chance d’être élu, il faut pouvoir aligner les billets. Comme faire en sorte alors que les jeunes ou personnes sans grands moyens financiers puissent avoir voix au chapitre ?

Les sondages d’opinion ou baromètres électoraux ne font souvent aucune distinction entre les différentes régions de Suisse. Dans les médias, rares ont été les démarches visant à comparer le climat électoral de part et d’autre de la Sarine, sans parler même du Tessin. Il y aurait pourtant des enseignements intéressants à en tirer pour une analyse sociologique fine du paysage politique suisse.

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