Raphaël Mahaim, conseiller national et avocat

Une politique pénale et carcérale responsable

Une politique pénale et carcérale responsable

La politique pénale et carcérale est malheureusement le lieu où s’expriment toutes les pires démagogies. Il suffirait de punir plus sévèrement les auteurs de crimes et délits, entend-on du côté des partisans de la répression à tout-va, et la criminalité diminuera. Cette conception, fondée sur l’idée que toute personne déviant du droit chemin tracé par la société doit être « neutralisée » et mise à l’écart de celle-ci, montre aujourd’hui ses limites. Croire qu’il existe un lien entre la sévérité des peines prononcées et le taux de criminalité est un leurre. Aux Etats-Unis, il est avéré que la criminalité n’est pas inférieure dans les Etats connaissant la peine de mort, bien au contraire. Dès lors que l’Etat s’arroge le droit de tuer, les délinquants semblent eux aussi tentés de recourir davantage à la violence.

En Suisse, la tendance générale est au renforcement du système répressif. C’est contre-productif. Car on fait ainsi l’impasse sur une véritable réflexion au sujet des défis à relever en matière pénale et carcérale. Ces défis sont pourtant immenses : résoudre les problèmes de surpopulation carcérale, adapter notre système pénal aux défis de notre temps (focaliser davantage l’intention sur la grande criminalité organisée et les délits économiques), développer les peines alternatives à la prison, améliorer les mesures de réinsertion pour éviter la récidive, etc.

Je défends une politique pénale fondée sur l’individualisation des peines pénales. A chaque délinquant doit correspondre une peine bien spécifique, adaptée à son parcours, à sa dangerosité et visant sa resocialisation. Ceci passe par notamment par une dotation suffisante en moyens financiers et en ressources humaines pour la chaîne pénale. Le drame récent à Bochuz dans le canton de Vaud – décès d’un détenu dans sa cellule en raison d’un incendie qu’il avait provoqué – a montré les failles du système. La prison, c’est le paroxysme de la fracture sociale. Il convient de tout mettre en œuvre pour que le système carcéral ne prenne pas le chemin du modèle américain – un taux d’incarcération inégalé pour un taux de criminalité également très élevé.

A lire: mon mémoire de licence en droit: « La fixation de la peine » (Kuhn André (édit.) et al., Nouvelle partie générale du Code pénal suisse. – Berne, 2006, pp. 233 ss)

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