Partir en campagne. Et sacrifier tout le reste ?

Partir en campagne. Et sacrifier tout le reste ?

9 juin 2023

Je me lance dans la campagne électorale la plus intense et difficile de mon engagement politique.

Il y a d’abord beaucoup de reconnaissance, de réjouissance et d’excitation : c’est un immense privilège de pouvoir porter les couleurs de l’écologie politique dans le canton de Vaud lors des élections fédérales de cet automne. Aucun doute que cette période sera passionnante, à la mesure des défis de notre époque pour le canton de Vaud et la Suisse.

Les aléas et secousses politiques d’un tel engagement ne m’inquiètent pas plus que cela : je me prépare à travailler comme un forcené pendant de longues semaines jusqu’aux échéances électorales ; j’aurai forcément droit à des critiques et prendrai probablement des coups, tant dans l’arène médiatique que dans la confrontation des idées sur la place publique ; je suis aussi parfaitement lucide sur le défi de taille que représente l’élection d’un (encore plutôt jeune) écologiste dans le (très conservateur et âgé) Conseil des Etats. Rien ne sera facile.

Cependant, tout ceci, je suis entièrement prêt à l’affronter. Cela fait partie du job, en quelque sorte. C’est la face ténébreuse et râpeuse d’un mandat public. Toutes mes collègues et collègues parlementaires diront aussi qu’il faut avoir vécu une campagne électorale de cette intensité pour mesurer à quel point c’est particulier.

En revanche, les inévitables conséquences sur le reste de ma vie privée et professionnelle, cela me terrifie, littéralement. L’intensité d’une campagne de ce type est telle que cela chamboulera l’équilibre familial par nature fragile avec trois enfants en bas âge (12, 9 et 4). Je ne serai plus capable de porter certaines tâches parentales ou ménagères qui me reviennent d’ordinaire. Cela impactera forcément d’autres personnes par ricochet, qui elles n’ont pas choisi cet engagement : ma femme, les proches se relayant pour les gardes d’enfants, les ami.es davantage sollicités, etc. Je prie pour que celles et ceux qui seront concerné.e.s vivent cette période aussi sereinement que possible et leur suis déjà très reconnaissant de leur aide. Dans toute la mesure de mes moyens, je me battrai pour que cela ne les affecte pas (trop) : en préservant mon jour de semaine à la maison avec les enfants (vendredi), en conservant des moments de pause sans engagement, en me disciplinant pour assumer un minimum de tâches à la maison, en refusant toute exposition publique des autres membres de ma famille, etc. Mais malgré cela, il y aura une surcharge. Et il y a aura aussi les petits moments de bonheur en famille que je vais manquer en raison de mes absences, déjà une grande source de tristesse.

Au plan professionnel, je devrai assurer le fonctionnement de ma petite PME à Lausanne (mon étude d’avocat). Déjà avec les absences lors des sessions au Conseil national, j’ai pris l’habitude de m’appuyer sur mon excellente équipe (un second avocat, un avocat-stagiaire et une secrétaire). Le modèle fonctionne bien, dans un métier où il est de toute façon très utile de travailler en tandem ou en équipe pour tenir la pression et assurer le meilleur suivi possible des dossiers. Mais, en ce qui me concerne personnellement, cela suppose une charge de travail infernale pour assurer la qualité du travail et, simplement, pour « faire tourner la boutique ». Une petite structure est vite déséquilibrée si une seule personne ne peut plus apporter les forces de travail nécessaires à la cohérence du tout. Cela sera un effort de chaque instant, très coûteux en énergie et en charge mentale. Malheureusement au détriment des proches, une nouvelle fois…

Il ne sera pas beaucoup question, dans ce blog sur les coulisses de campagne, de ces aspects très intimes de ma vie en dehors de la politique. Mais, à l’heure de me préparer à lancer toute mon énergie dans la bataille électorale, je ressentais le besoin de le dire. Ne serait-ce que pour montrer que le système du Parlement de milice a ses limites et que la conciliation sereine d’une activité politique avec le vie familiale est souvent hasardeuse, voire parfois impossible.

2 Commentaires

  1. Mahaim

    Toute mon affection et mes vœux pour te soutenir dans cet énorme effort. Je suis admirative et reconnaissante du travail que tu fais pour notre avenir et celui de nos enfants. On te pardonnera quelques absences à des fêtes de famille, sachant qu’à la fin de l’année, ta vie deviendra plus calme. Et je te souhaite au terme de tout ça de reposantes vacances en famille. Ta vieille tante qui t’embrasse bien fort.

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  2. Raphaël Ghidini

    Merci pour avoir le courage et l’humilité de partager cela en toute authenticité. Je suis certain que malgré les défis, cette campagne sera un franc succès et en vaut la peine !

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