Le blog de Raphaël Mahaim

Révision LAT: quand la mauvaise foi valaisanne contamine certains lobbys vaudois

Révision LAT: quand la mauvaise foi valaisanne contamine certains lobbys vaudois

par | Juin 29, 2012 | Aménagement du territoire, Générations futures, Les Verts, Logement, Qualité de vie, Ressources naturelles | 5 commentaires

Après l’agitation médiatique provoquée – très habilement – par le canton du Valais, l’Union suisse des arts et métiers (USAM) a annoncé le lancement d’un référendum contre la révision de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT). En parallèle au référendum populaire qui exige la récolte de 50’000 signatures, le canton du Valais tente d’activer les lobbys des bétonneurs pour obtenir de plusieurs cantons qu’ils s’associent à un « référendum des cantons ».

C’est maintenant officiel pour nous autres Vaudois: notre Grand Conseil a été saisi d’une initiative parlementaire demandant au canton de rejoindre le camp des cantons référendaires. Nous aurons donc à nous prononcer au Parlement cet été sur le sujet. Il n’est pas inutile de rappeler quelques éléments à l’aube de ce débat majeur pour le canton et la Suisse.

1) L’aménagement du territoire est l’un des parents pauvres des politiques environnementales actuelles. La loi fédérale adoptée au tournant des années 1980 est en grande partie restée lettre morte, face aux blocages politiques et à la pression des milieux de l’immobilier. Le mitage du territoire progresse à une vitesse terrifiante: l’équivalent de la surface d’un stade de football est chaque jour classé en zone à bâtir en Suisse. Il en découle une augmentation inquiétante des frais d’infrastructure à charge des collectivités (nouvelles routes, nouveaux équipements, etc.), une progression fulgurante de la mobilité individuelle et une dégradation alarmante de la qualité des paysages sur le Plateau suisse.

2) Cette révision contestée de la LAT fait office de contre-projet à l’initiative « pour le paysage » lancée par une large coalition d’organisations environnementales et de partis politiques, laquelle est également soutenue par plusieurs élus du centre-droit qui ont compris que le sol est une ressource rare et que les générations futures ont cruellement besoin d’une gestion intelligente du territoire. Le contre-projet élaboré dans la douleur par une large front parlementaire comprend une palette bien timide de mesures face aux défis auxquels nous sommes confrontés. La répartition des compétences entre la Confédération et les cantons n’est pas modifiée. On s’attache simplement à se donner les moyens de mettre en œuvre notre Constitution, qui commande de faire une utilisation mesurée du sol.

3) Rappelons que dans le canton de Vaud, selon les dires de feu le Conseiller d’Etat Mermoud lorsqu’il était en charge de l’aménagement du territoire, les terrains déjà classés en zone à bâtir suffiraient à accueillir largement plus que la population actuelle! Le problème n’est donc pas la taille des zones à bâtir, mais la thésaurisation des terrains et la prolifération de zones villas au détriment de la construction de logements abordables. Car ce qui est en jeu, c’est la préservation des surfaces agricoles. La surface agricole en Suisse, y compris les bonnes terres arables, fond comme neige au soleil devant la pression de l’urbanisation dont l’inaction des collectivités publiques se fait la complice.

4) Ce n’est pas la mauvaise foi qui étouffe le lobby des bétonneurs et des propriétaires. Le Valais a été parmi les plus mauvais élèves pendant des dizaines d’années, en violant au quotidien la loi fédérale avec des classements totalement arbitraires en zone à bâtir. On n’est pas loin d’une république bananière qui cherche désespérément à sauver sa peau face à une nécessaire remise à l’ordre. Les excès valaisans ont donné lieu à l’initiative de F. Weber sur les résidences secondaires, avec les suites que l’on connaît. Pourtant, ils continuent sur la même ligne, rivalisant de mauvaise foi et de cécité. Quant aux nouveaux opposants vaudois au contre-projet, ils invoquent le fédéralisme pour combattre la révision de la loi fédérale. Ces mêmes opposants étaient les premiers à convoquer à la rescousse le droit fédéral pour tenter de faire invalider devant la justice l’initiative populaire cantonale « Sauver Lavaux ».

Il y en a marre de ce jeu de dupes, de ce fédéralisme à « géométrie variable« , servant les intérêts particuliers. Le lobby des bétonneurs et les milieux de l’immobilier sont véritablement tout-puissants dans ce pays. Gageons que le peuple, si le référendum aboutit, saura faire la part des choses et défendre l’intérêt général.

5 Commentaires

  1. Citoyen mécontent

    Cher Monsieur,

    La politique est aussi affaire de respect. Traiter le canton du Valais de presque « république bananière » est indigne d’un politicien. Attaquer un canton de la sorte, c’est aussi attaquer sa population. Le manque de respect et l’arrogance qui caractérise vos propos est tout bonnement inacceptable. De plus, vous n’avez rien compris à notre attachement au patrimoine. En espérant que vos idées ne sont pas aussi médiocre que vos attaque en-dessous de la ceinture… Bien à vous,

    Un citoyen mécontent

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    • Raphaël

      Cher Monsieur,
      Je vous remercie de votre message, qui anime le débat! J’assume mes propos provocateurs tout en précisant que je respecte totalement le Valais en tant que canton; j’aime d’ailleurs beaucoup ce coin de pays. C’est simplement certaines de ces politiques que je trouve scandaleuses. Il me semble que le canton du Valais n’est pas en reste s’agissant de la provocation. Avec C. Constantin qui demandait que le Valais fasse sécession, je crois que je suis encore assez sage. Cela étant, il faut aussi discuter du fond de cette affaire. Je persiste et signe. Alors que d’autres cantons faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour appliquer la loi fédérale sur l’aménagement du territoire, le canton du Valais faisait comme bon lui semblait en toute impunité. Bien à vous.

      Réponse
  2. Citoyen mécontent

    Cher Monsieur,

    La politique est aussi affaire de respect. Traiter le canton du Valais de presque “république bananière” est indigne d’un politicien. Attaquer un canton de la sorte, c’est aussi attaquer sa population. Le manque de respect et l’arrogance qui caractérise vos propos est tout bonnement inacceptable. De plus, vous n’avez rien compris à notre attachement au patrimoine. En espérant que vos idées ne sont pas aussi médiocres que vos attaques en-dessous de la ceinture… Bien à vous,

    Un citoyen mécontent

    Réponse
  3. Constantin

    Bonsoir Monsieur,
    Permettez-moi de vous raconter une petite histoire.
    Voici plusieurs générations que nous nous transmettons des lopins de terre qui étaient travaillés par nos parents. Dans une si belle région du Valais que de nombreux Vaudois Alémaniques Néerlandais Allemands etc…si sont installés pour les vacances. Je ne leur en veux pas puisque les terrains vont au plus offrants. Ce que je ne digère pas en revanche c’est que nous, originaire du village. Nous essayons tant bien que mal de rester dans notre région et de transmettre à nos enfants la possibilité de vivre chez eux, et voilà que maintenant avec la LAT on nous retire tout cela au bénéfice de ceux qui ont déjà pu construire et qui n’auront plus besoin de nous courtiser pour acheter le terrain afin de ne pas avoir à partager la beauté du site lorsqu’ils débarquent le week-end.
    Parmi ceux qui pensent comme vous combien on déjà pu s’offrir une maison à eux et se frottent les mains à l’idée que le moment venu ils feront une magnifique plus-value lorsque sur l’annonce ils rajouteront « situation idilique et pas de voisins » ?

    Merci d’essayer de comprendre.

    Réponse
    • Raphaël

      Bonsoir,
      Merci de votre commentaire. Ce qui me chagrine, avec votre position, c’est que vous pensez qu’en combattant la LAT, vous allez mettre fin à ces injustices en matière foncière. C’est tout le contraire qui est vrai! Le laisser-faire, c’est faire la part belle aux promoteurs qui justement vendent aux plus offrants – riches vaudois, genevois ou étrangers fortunés, par exemple – en réalisant des gains colossaux. Vous pouvez me croire, je suis parfaitement solidaire avec votre aspiration, mais la LAT révisé va exactement dans ce sens! Et je n’habite pas une ville sans voisins, mais un appartement (assez) loin des axes principaux de la côte vaudoise car les prix y sont trop prohibitifs. Meilleures salutations, Raphaël Mahaim

      Réponse

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