Le blog de Raphaël Mahaim

Présidentielle française: l’écologie grande perdante?

Présidentielle française: l’écologie grande perdante?

par | Mai 8, 2012 | Campagne, démocratie, Energie, Les Verts, Nucléaire, OGM, Ressources naturelles | 0 commentaires

Le rideau est tombé sur le grand théâtre de la présidentielle française. Les Français ont élu un nouveau roi. Flanqué de ses fidèles serviteurs, François Hollande présidera aux destinées de la République pendant les cinq années à venir.

Comme beaucoup, je suis heureux de voir enfin se terminer la mauvaise plaisanterie sarkozienne. Je suis aussi séduit par la modestie (relative) de Hollande, qui incarne de manière crédible la défense de l’intérêt général et la lutte contre les fractures sociales. Son absence de charisme est compensée par une certaine forme d’humilité qui le rend sympathique. Son parcours force l’admiration aussi. Pour les propositions visionnaires et les utopies, en revanche, on repassera…

L’élément majeur à retenir de cette campagne présidentielle, au-delà de l’opposition entre ces deux protagonistes, c’est la défaite de l’écologie politique. Elle est résolument la grande perdante de cette élection 2012.

Les Verts portent à l’évidence une responsabilité importante dans cet échec. Dans un premier temps, je m’étais enthousiasmé pour la candidature d’Eva Joly. Elle réunissait à mes yeux tous les ingrédients pour bien faire : elle ne provenait pas du sérail et échappait à tout reproche de « sectarisme politique » ; elle jouissait d’une réputation impeccable ; elle pouvait se targuer d’une admirable carrière au service de la justice ; elle incarnait à merveille le fédéralisme européen cher aux Verts.

Mais pour de multiples raisons, la mayonnaise n’a pas pris. La responsabilité des Verts et de leur candidate n’est pas légère. Alors que leur résultat aurait pu être dans la ligne de celui des élections européennes de 2009, il a été catastrophique. De nombreuses voix écologistes ont été siphonnées par Mélenchon ; certains écologistes ont « utilement » voté Hollande ; d’autres encore ont voté Bayrou ou sont restés à la maison.

Cause ou conséquence – ou les deux (?) – de la faiblesse des Verts : les grands sujets écologistes sont restés totalement absents de la campagne. Pire, on peut même légitimement se demander s’il n’y a pas recul sur certains enjeux environnementaux majeurs.

L’occasion était historique d’ébranler la foi française en la technologie nucléaire. Après la catastrophe de Fukushima et compte tenu de la montée en puissance des énergies alternatives, il est urgent de proposer un tournant énergétique dans toute l’Europe. Or, la France ambitionne désormais… de parfaire son art de faire du sur-place. Chacun aura pu apprécier les contorsions de Hollande à propos du nucléaire : un seul réacteur doit être fermé, celui de Fessenheim en Alsace. Pour le reste, les recettes du passé ne sont pas remises en question. Dans les débats de la campagne, le développement des énergies renouvelables n’a été abordé que de manière anecdotique.

De la même manière, l’une des mesures-phare de Hollande constitue un recul notoire en matière environnementale : le gel temporaire du prix de l’essence. A l’heure où l’on tente de modifier les conditions-cadres de la fiscalité et de l’économie pour réorienter les acteurs vers les activités peu gourmandes en CO2, cette mesure s’apparente vraiment à un encouragement au « tout à la voiture ». Je ne suis pas en train de dire qu’il aurait fallu à tout prix augmenter le prix de l’essence. Mais au moins réfléchir à une manière plus intelligente de récompenser les personnes qui font des efforts en limitant leurs trajets en voiture!

Et les OGM ? Et la libéralisation du marché agricole ? Et la protection du paysage et de la biodiversité ? Seule une poignée d’initiés peut dire ce que les candidats en pensaient, tant le silence entourant ces sujets était assourdissant pendant la campagne…

J’ai envie de donner sa chance à Hollande, de croire au changement qu’il a annoncé. Je sais toutefois que ses marges de manoeuvre sont minces et que l’écologie risque bien souvent d’être sacrifiée sur l’autel de considérations prétendument plus urgentes. La campagne qui s’achève ne nous permet pas d’être optimiste. Espérons que l’écologie saura rapidement relever la tête et que François Hollande sera réceptif le moment venu !

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